« Il n’existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne, car il n’existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite et pour la première fois, sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans n’avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie si la première répétition de la vie, est la vie elle même. C’est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même esquisse n’est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l’ébauche de quelque chose, la préparation d’un tableau, tandis que l’esquisse de notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau. » MILAN KUNDERA, L’insoutenable légèreté de l’être.

Lorsque j’entame une aquarelle, je suis systématiquement renvoyée à l’Existence. Face à une feuille blanche qui représente l’inconnu de la vie. Les couleurs sont les choix, motivés par nos émotions et l’eau indomptable et pleine de surprises, tantôt heureuses tantôt malheureuses, représente le défi et les challenges. Le pinceau quant à lui, le medium, tel le corps qui se meut et chemine, véhicule des émotions

 

cropped-DSCN2515.jpgContrairement au dessin, qui permet de gommer et de construire petit à petit une esquisse, ou à la peinture à l’huile qui permet de repasser sur ses erreurs, en aquarelle nul repentir. L’eau forme des auréoles en quelques secondes. Le passage du pinceau forme des impacts ineffaçable et les couleurs ne se superposent pas. En d’autres termes, une erreur,  est sans appel pour l’harmonie du tableau, comme c’est le cas ci-dessous. Les rochers en avant plan sont alignés, ce qui gâche le résultat naturel escompté. La flaque d’eau ressemble quant à elle à une tache.

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Je pense m’être tournée vers l’aquarelle, car c’est la discipline qui me rappelle le plus La Vie. Et le fait qu’elle soit composée d’eau n’est pas anodin. Tout comme dans la vie, il est possible de « recadrer » le tableau. Garder le plus beau, et apprendre de ses erreurs.

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Les erreurs apprennent qu’il reste parfois un espoir. Il faut faire des sacrifices, éliminer, recadrer. Parallèlement aux erreurs irrévocables, l’eau offre parfois des erreurs heureuses, comme c’est le cas de l’auréole dans le ciel. Ce n’est pas volontaire, il a suffit d’une minute d’inattention. Mais coup de chance, la forme des gouttelettes d’eau se marie bien aux nuages. J’ai donc décidé de la garder et de ne pas recadrer la partie supérieure du ciel.

En aquarelle le temps n’existe pas, l’expérience n’est jamais acquise, elle est sans cesse renouvelée. Au point qu’il est possible d’arriver à produire un miracle un jour et un gâchis le lendemain. Comment se targuer de maitriser l’eau audacieuse? Toujours capricieuse prête à nous narguer. Voilà pourquoi je vis l’aquarelle, comme l’art de la frustration, l’art de la patience, l’art de la joie : L’art de vivre.

 

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